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Une conférence au Kurdistan d'Irak plaide pour une normalisation avec Israël


Samedi 25 septembre 2021 à 11h37

Erbil (Irak), 25 sept 2021 (AFP) — Plus de 300 Irakiens dont des chefs tribaux ont plaidé vendredi soir pour une normalisation entre l'Irak et Israël, premier appel du genre lancé lors d'une conférence dans la région autonome du Kurdistan, parrainée par une organisation américaine.

Le gouvernement central de Bagdad a exprimé son "rejet catégorique" du colloque, organisé par le Center for Peace Communications (CPC), think-tank new-yorkais engagé sur le dossier de la normalisation entre Israël et les pays arabes.

Le Kurdistan (nord), une région autonome du pouvoir central à Bagdad, entretient de bons rapports avec l'Etat hébreu. En revanche à Bagdad, responsables et factions politiques pro-Iran sont opposés à Israël alors que l'Iran, ennemi juré d'Israël, jouit d'une forte influence chez le voisin irakien.

Les quelque 300 participants, sunnites et chiites, réunis à Erbil, capitale du Kurdistan, sont venus "de six gouvernorats -Bagdad, Mossoul, Salaheddine, Al-Anbar, Diyala et Babylone", a indiqué à l'AFP le fondateur du CPC, Joseph Braude, expert américain d'origine juive irakienne.

"Il y a aussi des chefs de tribus de ces gouvernorats, des intellectuels, des écrivains", a précisé M. Braude, joint par téléphone par l'AFP.

"Nous demandons notre intégration aux accords d'Abraham. Tout comme ces accords prévoient des relations diplomatiques entre les signataires et Israël, nous aussi nous voulons des relations normales avec Israël", selon le communiqué de clôture, lu par une intervenante, Sahar al-Taï, directrice de recherches au ministère de la Culture à Bagdad.

Sous l'égide de Washington, les "accords d'Abraham" ont été signés en septembre 2020 pour normaliser les relations entre Israël, les Emirats arabes unis et Bahreïn. Le Maroc et le Soudan avaient suivi.

"Aucune force, locale ou étrangère, n'a le droit de nous empêcher de lancer un tel appel", a dit Mme Taï.

Parmi les intervenants irakiens, un ancien général et un des chefs de la "Sahwa", milices tribales qui avaient combattu les jihadistes aidées par Washington.

L'Israélien Chemi Peres, président d'une fondation fondée par son père, le défunt président Shimon Peres, s'est exprimé lors du colloque par vidéo.

"Assez d'animosité. Il faut ouvrir une nouvelle page de coopération et de paix", a indiqué à l'AFP cheikh Rissan al-Halboussi, venu d'Al-Anbar. "Tu ne vas pas pouvoir du jour au lendemain dire au citoyen +Allons normaliser avec Israël+ mais avec le temps les idées changent".

Ces dernières décennies, plusieurs dirigeants du Kurdistan irakien se sont rendus en Israël et des hommes politiques kurdes ont réclamé ouvertement une normalisation avec ce pays.

En 2017, quand les Kurdes d'Irak ont tenu leur référendum d'indépendance controversé, l'un de leurs rares soutiens était Israël.

Rejetant toute normalisation dans un communiqué, le gouvernement central de Bagdad a dénoncé samedi une "réunion illégale", qui "ne représente pas (l'opinion) des populations et des habitants des villes irakiennes, au nom duquel ces personnalités tentent de parler".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.