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Turquie : la Cour constitutionnelle rejette la demande de libération d'une opposante kurde


Vendredi 12 août 2022 à 20h48

Ankara, 12 août 2022 (AFP) — La Cour constitutionnelle turque a rejeté vendredi la demande de libération d'une opposante kurde atteinte de démence, selon l'arrêt que l'AFP a pu consulter.

La Cour a refusé de libérer et de reporter l'exécution de la peine d'Aysel Tugluk, une ancienne vice-présidente du HDP, le Parti démocratique des peuples (prokurde) et atteinte de démence depuis 2021.

Elle a cependant ordonné une mesure d'urgence pour que Mme Tugluk puisse recevoir un traitement et bénéficier régulièrement de consultations de neurologie et de psychiatrie dans un hôpital.

"L'évolution de sa maladie doit être suivie et la nécessité d'une libération doit être évaluée à des intervalles réguliers", a décidé la Cour.

Âgée de 57 ans, Mme Tugluk a été arrêtée en 2016 et condamnée à dix ans de prison en 2018 pour "appartenance à une organisation terroriste".

Elle a été condamnée pour ses activités au sein du "Congrès de la société démocratique" (DTK), une organisation considérée par les autorités turques comme liée au PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, classé mouvement "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

"Je ne sais pas pourquoi je suis jugée, ni ce qui s'est passé, où et quand", a-t-elle affirmé lors d'une audience début août, ont rapporté les médias turcs.

Mme Tugluk a perdu sa mère en 2017 et, alors qu'elle avait été autorisée à assister aux obsèques, celles-ci ont dû être annulées en raison de menaces de groupes nationalistes.

Pour son entourage, la démence de l'opposante date de cet épisode douloureux.

"Les autorités estiment que Mme Tugluk reçoit un traitement parce qu'elle a accès à des médicaments. Mais sa maladie empire en détention", a affirmé samedi à l'AFP son avocat, Serdar Celebi.

Les milieux prokurdes, en particulier le HDP, font l'objet d'une répression implacable depuis plusieurs années en Turquie.

Le pouvoir accuse le parti d'être la "vitrine politique" du PKK, ce que ce dernier dément, en se disant visé en raison de sa farouche opposition au président Recep Tayyip Erdogan.

Selahattin Demirtas, ancien dirigeant emblématique du HDP, est lui aussi détenu depuis novembre 2016 pour des accusations en lien avec le "terrorisme".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.