DATES


DU
Lundi 16 novembre 2020 - 13h00

AU
Lundi 30 novembre 2020 - 00h00

ADRESSE
Paris

Ahmet KAYA IL Y A 20 ANS



IL Y A 20 ANS

 

https://www.institutkurde.org/activites_culturelles/hommage/ahmet_kaya/ahmet_kaya.jpg

Ahmet KAYA

est décédé à l’âge de 43 ans à Paris

En raison de l'interdiction de rassemblements publics dans cette période de confinement, il ne sera pas possible de nous receuillir cette année sur sa tombe:

Tous ceux qui l'ont connu et apprécié auront une pensée émue et pourront évoquer sa mémoire en écoutant l'une des ses chansons.

Pour écouter cliquer ici

 

AHMET KAYA

28 octobre 1957 - 16 novembre 2000

Chantre de la «musique authentique»,
artiste dissident,
combattant de la liberté et
défenseur de la cause kurde.

Mort le 16 novembre à Paris, à l’âge de 43 ans, Ahmet Kaya était l’un des musiciens les plus populaires de Turquie. Contrairement à ses collègues du Show-biz se livrant aux délices «d’arabesques» il compose , un peu à la manière de Renaud, du chilien Victor Jara ou de Joan Baez, des chansons s’adressant non seulement au cœur mais aussi à l’intelligence des gens, parlant de leur vie réelle, pas seulement de leurs fantasmes, de leurs problèmes, de leurs aspirations, de leurs révoltes contre un système qui les broie et les marginalise.

Des millions de Turcs et de Kurdes se reconnaissent dans «ce chantre de la musique authentique». Ses cassettes se vendent à un million, 1,5 millions d’exemplaires, faisant de lui un «phénomène de société». C’est ce phénomène-là que l’Association turque de la presse de magazine a voulu consacrer en lui décernant en février 1999, le prix du meilleur musicien de l’année.

Le chanteur a accepté ce prix mais devant toutes les cameras de télévisions et en présence des personnalités officielles a annoncé son projet de faire un clip et des chansons en kurde «pour nos frères kurdes» et exprimé le vœu que les télévisons diffusent aussi ses créations en kurde.

«Je suis contre le séparatisme mais, il nous faut reconnaître la réalité culturelle kurde de Turquie et lui donner les moyens de s’exprimer librement. Les intellectuels turcs engagent le dialogue avec leurs homologues grecs ; c’est très bien. Quand est-ce qu’ils vont engager aussi le dialogue avec leurs voisins kurdes qui vivent depuis des siècles avec les Turcs ? Quand allons-nous prendre en compte leurs revendications légitimes (…). Je ne veux pas être une star ne pensant qu’au fric. Après des années de pauvreté, je gagne de l’argent et je suis même le 42e contributeur des impôts dans le pays. Mais je veux être reconnu avec mon identité kurde. Je veux vivre comme Kurde, dans la dignité et dans la liberté».

Ces propos ont déclenché une virulente campagne de presse contre Ahmet Kaya. La Cour de sûreté de l’Etat d’Istanbul l’a condamné, le 10 mars 2000 à trois ans et neuf mois de prison, par contumace, pour «propagande séparatiste». Les autorités turques lui reprochent d’avoir chanté en 1993 dans une salle de concert de Berlin où il y aurait eu une carte du Kurdistan et un portrait d’Öcalan. Les avocats du chanteur ont plaidé qu’il s’agissait d’un grossier photomontage tardif du quotidien Hürriyet. D’ailleurs, ce quotidien n’avait à l’époque rien écrit à ce sujet. Mieux, en 1994 il avait accordé un prix à Kaya. Ce n’est que lorsqu’en février 1999 le chanteur, élu meilleur musicien de l’année a, au cours de la cérémonie du prix, évoqué ses origines kurdes et annoncé son intention de faire un clip en kurde que les autorités et les médias turcs se sont déchaînés contre lui. Et dans cette action de lynchage médiatique le quotidien Hürriyet a publié sa fameuse photo qui a été considérée par le parquet de la cour de sûreté de l’Etat d’Istanbul comme un élément constitutif de crime séparatiste.

S’apercevant du ridicule de condamner un chanteur populaire pour son intention de faire une chanson dans sa langue, la Cour de sûreté, décidée de toute façon à faire taire l’artiste dissident, s’est rabattue sur cette photo truquée pour condamner Kaya à 3 ans et 9 mois de prison ferme pour «propagande séparatiste». Les avocats de Kaya ont relevé que cette même Cour n’avait pas trouvé matière à poursuites «faute de preuves» dans le scandale de Susurluk qui a révélé les liens entre la mafia, la police et une partie de la classe politique turque. Il lui a suffi d’une simple photo de presse truquée pour toute preuve pour condamner un artiste dissident qui faisait par ailleurs l’objet de cinq autres procès pour «séparatisme».

Délaissant fortune et carrière au nom de son amour de justice et de liberté, Ahmet Kaya aimait à dire que «le bien le plus précieux de l’homme est sa dignité. Une vie sans dignité ne vaut pas d’être vécue». C’est au nom de ce noble principe de vie que malgré le terrible mal du pays il avait choisi l’exil en France refusant de retourner en Turquie tant que ce pays ne serait pas doté d’un régime démocratique respectant la liberté d’opinion et la dignité humaine.

Kaya s’inscrit en cela, dans la grande tradition des artistes rebelles allant des poètes Namik Kemal et Nazim Hikmet au cinéaste Yilmaz Güney.